Didier Reynders: men mag niet meer zoals Durant deed luidkeels claimen dat men een grote overwinning behaalde op de Vlamingen door alles bij hen te concentreren.

Mille Décibels 20.12.2004

Interview Didier Reynders, vice-premier ministre,

Q. L'actuel Ministre de la Mobilité, Renaat Landuyt, semble vouloir montrer une volonté de trouver un consensus au gouvernement fédéral et entre les régions pour une solution au problème de nuisances aériennes. Avez-vous le sentiment que nous entrons dans une phase où des débats seront plus sereins?
A. Je l¹espère. Tant les riverains que les acteurs économiques de l'aéroport ont intérêt à pouvoir avoir une discussion sereine sur cette question. C'est en ce sens qu'il faut selon moi analyser la récente décision du tribunal de première instance limitant l'utilisation de la piste 02 pour les atterrissages. Cette décision implique que le Ministre de la Mobilité apporte les corrections nécessaires au plan Anciaux pour soulager les riverains situés sous la piste 02. Il faut aussi qu'il soit l'occasion de revenir au strict respect de la déclaration gouvernementale : cadastre des bruits, analyse quartier par quartier et définition de nouvelles routes minimisant les nuisances et tenant compte des densités de population. J'ai toujours insisté sur le caractère provisoire du plan Anciaux : il faut maintenant définir des solutions durables tant pour les riverains que pour l'aéroport.

Q. Beaucoup d'observateurs du dossier, même en Flandre, pensent que c'est à cause du plan de dispersion que DHL n'a pu se développer à Zaventem. Est-ce votre opinion également ? Et pensez-vous que le risque de rejet demeure pour d'autres projets importants de développement de l'aéroport?
A. Je crois qu'il serait exagéré d'attribuer la seule responsabilité du départ de DHL au plan de dispersion mais il n'en est pas moins vrai que le climat délétère créé par les initiatives intempestives de l'ancien Ministre de la Mobilité n'ont rien fait pour crédibiliser l'offre de l'aéroport de Bruxelles-national. Les risques de rejet existent : la confiance avec les riverains de l'aéroport a été endommagée. Raison de plus pour plaider une approche raisonnable du dossier faite de pas concrets visant à diminuer concrètement les nuisances et à recréer la confiance.

Q. Pensez-vous qu'il faut à terme maintenir une activité nocturne à l'aéroport de Zaventem?
A. La question du maintien ou non des vols de nuit devra être résolue au niveau européen. Ce serait démagogique de ma part, d'affirmer que les vols de nuit seront bannis dans les prochaines années. Néanmoins, il me semble clair que le maintien de ces vols nocturnes ne pourra qu'aller de pair avec le renforcement des normes techniques imposées aux avions (un quota de bruit inférieur à 8 comme cela avait été proposé par le gouvernement fédéral).

Q. Comment voyez-vous l'avenir de l¹aéroport de Zaventem en terme de potentiel?
A. L'aéroport de Bruxelles-national reste un pôle de croissance économique : une ville internationale comme Bruxelles ne peut se passer d'un aéroport mais je crois que tous auront compris la nécessité de coupler cette croissance légitime à une meilleure prise en compte des effets sur lenvironnement.

Q. Quelle est votre opinion au sujet de l'idée de retour à un principe de concentration, accompagné de mesures correctrices d¹expropriation et d'isolation acoustique?
A. Il faut éviter de poser le problème en ces termes : le problème des nuisances sonores a perdu toute rationalité depuis 2003, date à laquelle Madame Durant a claironné sur tous les toits qu'elle avait obtenu une grande victoire sur les flamands en concentrant toutes les nuisances hors de Bruxelles. Ce serait démagogique de dire que l'on peut faire revivre le plan Durant. Par contre, il faut lutter contre la dispersion comme principe qui voudrait à tous prix maximiser le nombre de personnes concernées par les nuisances. Le plan d'isolation doit être appliqué et prévu dans la déclaration gouvernementale et dans les propositions faites par le
gouvernement fédéral dans le dossier DHL.

Q. propos du critère de densité de population, qui est central dans la définition des exigences bruxelloises, de quelle manière doit-il selon vous être pris en considération dans une stratégie pertinente de gestion des nuisances sonores de l'aéroport de Zaventem?
A. Le critère de la densité de population est central non pas uniquement dans la définition des exigences bruxelloises mais aussi et avant tout au niveau de la déclaration gouvernementale fédérale. Un plan de répartition définitif des nuisances devra prendre en compte ce principe.

Q. Dans le cas où la gestion des nuisances de l'aéroport de Zaventem continuerait de créer des tensions politiques persistantes, au point de réduire les perspectives de développement de l'aéroport, pensez-vous que Macquarie serait en droit d¹exiger une révision du prix d'acquisition (745 mio d'euros) de 70% des parts de la BIAC?
A. Les tensions politiques actuelles sont bien entendu néfastes au développement de l'aéroport mais je ne vois pas en quoi celles-ci pourraient servir de base à une demande de compensation de la part de Macquarie.

Q. Pensez-vous que l'extrême-droite en Flandre pèse sur les débats qui concernent la gestion des nuisances de l'aéroport de Zaventem?
A. Il est un fait que l'extrême droite et plus généralement le nationalisme flamand ont pesé sur la gestion de ce dossier. Il serait cependant trop simple de rejeter toute la faute de l'autre côté de la frontière linguistique : j'observe que le gouvernement bruxellois n'est jamais parvenu à prendre une position commune sur la question, une position qui suppose la prise d'un minimum de responsabilités.

Q. Pensez-vous que sur le plan de la sécurité, le schéma de dispersion actuel offre un niveau de garantie satisfaisant ?
A. Belgocontrol, qui a la responsabilité de la gestion des flux aériens en Belgique, a considéré que les scénarios de vols offraient un niveau suffisant de sécurité.

Q. Pensez-vous que l'utilisation la nuit de la piste 02, qui concentre intensivement des atterrissages à très basse altitude pendant des périodes plus ou moins limitées, et qui concerne une population qui était déjà assez largement mise à contribution dans le passé en ce qui concerne les vols de jour, convienne dans un schéma pertinent de dispersion ? Que dire aux personnes concernées qui déclarent ne pas pouvoir dormir dans de telles conditions?
R. L'utilisation de nuit comme de jour de la piste 02 est le noeud du problème : en particulier, les atterrissages sur la piste 02 causent une nuisance majeure : ils sont par définition concentrés et impliquent le survol de zones très habitées, ce qui n'est pas le cas des atterrissages sur les autres pistes. La diminution des nuisances pour les riverains de la piste 02 est un point essentiel pour moi.

Q. Selon vous, est-il équitable de mettre sur le même pied les droits des habitants qui ont choisi d'habiter volontairement dans une zone bruyante, profitant ainsi de prix de l'immobilier plus bas, et les droits de personnes qui ont cru de bonne foi choisir un quartier plus calme, n'imaginant pas possible une logique de dispersion qui n'existe nulle part ailleurs en Europe ?
R. Je ne veux pas opposer les habitants d'un quartier aux habitants d'un autre quartier : ce serait suivre les mêmes pratiques que celles de certains milieux flamands que nous dénonçons. Cependant, force est de constater qu'une politique d'urbanisation irresponsable dans certains endroits du Brabant flamand a semblé ignorer l'existence d'un aéroport de dimension internationale.

Q. Comment réagissez-vous aux propos du philosophe Guy Haarscher lorsqu'il dénonce comme inadéquates, au regard d'une logique de respect des droits de l'homme, des idées comme la répartition des nuisances entre Régions ou comme
l'oblitération du critère de densité de population? (lien vers le texte de l'interviewe de Guy Haarscher).
A. Cela me semble exact. D'ailleurs, il faut noter que la cour de cassation n'a pas suivi l'interprétation de la cour d'appel de Bruxelles qui, dans son jugement controversé, avait estimé que le principe constitutionnel d'égalité entre citoyens empêchait de prendre en compte la densité de population.

Interview écrite du Vice-Premier Ministre Didier Reynders, 20 décembre 2004.
Questions rédigées par G. van Outryve

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