Nouvelle menace d'un terminal "Low
Cost" à l'aéroport national ?
Website AWACSS Postée le
28/02/2011 à 13h06
Le
secrétaire d'Etat à la Mobilité, Etienne Schouppe (CD&V), tenterait actuellement
de forcer la main de ses collègues du gouvernement fédéral pour faire passer
deux projets d'arrêtés royaux susceptibles d'ouvrir la voie à l'exploitation
d'un terminal low cost à Brussels Airport, rapporte lundi La Libre Belgique.
Les deux
textes visent à modifier l'arrêté royal octroyant la licence d'exploitation de
l'aéroport national et celui relatif au statut de la société gestionnaire du
site. "Le titulaire peut faire varier la qualité et le champ de certains
services, terminaux ou parties de terminaux de l'aéroport dans le but d'offrir
des services personnalisés ou de dédier un terminal spécifique ou des parties de
terminaux à un usage particulier", indique l'un des textes modifiant l'arrêté
royal sur la licence d'exploitation.
Pour
faire passer son projet, M. Schouppe argue du fait qu'il a l'obligation
d'assurer la transposition de la directive européenne sur les redevances
aéroportuaires, laquelle doit effectivement être traduite dans la législation
belge d'ici le 15 mars prochain. Selon cette directive, les Etats membres
peuvent permettre à un gestionnaire d'aéroport d'imposer des redevances
aéroportuaires différenciées.
Les
riverains de l'aéroport, qui redoutent un accroissement des nuisances sonores
avec l'arrivée d'un terminal low cost, dénoncent la démarche du secrétaire
d'Etat. (belga)
Bruxelles National:
Etienne Schoupe sévit encore
Etienne Schouppe fait le forcing pour imposer les
vols low cost à Zaventem
Website Trop de Bruit 01.03.2011
S'il fallait une démonstration
supplémentaire de la nécessité démocratique urgente de voir s'installer un
gouvernement fédéral de plein exercice, le Secrétaire d'Etat démissionnaire à
la Mobilité vient de nous la donner. En effet, il s'avère que le régime des
affaires courantes si longtemps prolongé a inspiré à Etienne Schouppe l'idée
que le moment serait propice pour imposer en stoemeling des initiatives qu'une
époque normale rendrait impensables. Finaud, il espère qu'elles attireront
moins l'attention dans l'actuel contexte de marasme politique. En l'espèce, il
s'agit d'une modification de la licence des tarifs aéroportuaires de Brussels
Airport. D'apparence anodine, la mesure vise en réalité à permettre le
développement d'activité low cost à l'aéroport fédéral. En clair, il s'agit de
la promesse d'une augmentation drastique des nuisances aériennes au-dessus de
Bruxelles et des communes francophones de la périphérie-est notamment. C'est
la perspective de dizaines de milliers de survols supplémentaires, aussi bien
de jour que de nuit, par des avions en général très bruyants. De fait, aucune
limite n'a encore été fixée en terme de nombre de vols annuels. Etienne
Schouppe prépare une véritable catastrophe environnementale dont les retombées
économiques seront tout à fait limitées compte tenu de ce type d'activité qui
crée fort peu d'effets multiplicateurs. Les seuls bénéfices de l'arrivée de
compagnies aériennes low cost, en général étrangères, reviendraient à
l'exploitant de l'aéroport fédéral, la société australienne Macquarie dont le
siège social est installé aux Iles Caïmans.
De l'art de
la dissimulation
De source bien informée, deux
projets d'Arrêtés royaux seraient déjà prêts. S'ils devaient passer la rampe
lors du prochain Conseil des Ministres, leur application pourrait être
effective dans le courant du mois mars 2011. Leur texte prévoirait
d’introduire un nouveau régime de redevances aéroportuaires différenciées en
fonction des infrastructures proposées. Actuellement, il n'y a qu'une seule
redevance aéroportuaire applicable à Zaventem pour chaque passager, quelle que
soit le prix de son billet. Il semble qu'Etienne Schouppe veuille faire en
sorte que Brussels Airport puisse appliquer des redevances différentes en
fonction des services spécifiques liés à l'utilisation de certains terminaux.
Si le terminal est moins bien équipé, la redevance serait moins chère. Cette
disposition équivaudrait dans la pratique à une autorisation des vols low cost
dans le cadre de l'aéroport fédéral. Etienne Schouppe veut profiter du délai
proche qu'impose une directive européenne, laquelle ne vise pourtant pas à
imposer le low cost où que ce soit. La Directive 2009/12/EC, dont la finalité
est la transparence des tarifs aéroportuaires, est en effet transposable au
plus tard le 15/3/2011. Le très controversé Secrétaire d'Etat à la Mobilité y
voit l'occasion de forcer la main au MR, PS et cdH qui se sont pourtant déjà
clairement opposés à tout projet de développement du low cost à Zaventem.
Derrière eux, la Région bruxelloise, majorité et opposition à l'unisson, ont
également marqué leur refus à plusieurs reprises. Etienne Schouppe n'en n'a
cure. C'est sa manière à lui de fouler aux pieds les normes de bruit
bruxelloises dont la Cour européenne de justice vient pourtant de confirmer
l'applicabilité.
Un
incessant forcing qui ne mène nulle part
C'est donc une sorte de
guérilla que le CD&V Etienne Schouppe mène contre les partis francophones du
gouvernement fédéral. Ce n'est d'ailleurs pas la seule pratique discutable du
Secrétaire d'Etat qui est au demeurant sous le coup d'une inculpation pour
délit d'initié. Contre le point de vue des partenaires gouvernementaux, il a
pris sur lui de ne tout simplement pas respecter le jugement de la Cour
d'Appel de Bruxelles interdisant l'usage abusif de la piste 02, confirmé par
la Cour de Cassation, en usant d'arguties dilatoires. Et par dessus le marché,
Etienne Schouppe refuse de faire appliquer l'accord du Conseil des Ministres
du 26 février 2010 qui fixait de nouvelles normes de vent et méthodes
d'application. Cet accord dont l'actuel Président du MR Charles Michel et le
cdH s'étaient publiquement félicités, en soulignant qu'il permettait enfin de
mettre un terme aux plus lourdes concentrations de nuisances sur les quartiers
essentiellement francophones à Sterrebeek, Wezembeek-Oppem, Crainhem,
Woluwe-Saint-Pierre et Waterloo. Actuellement, la norme de 5 nœuds demeure
appliquée au lieu de 7 nœuds et les effets positifs promis se font toujours
attendre. L'absence de rappel à l'ordre par le Premier Ministre Yves Leterme,
qui a pourtant la tutelle sur la Mobilité, se fait sentir, cruellement pour
les riverains les plus exposés. En attendant que le politique se ressaisisse,
les associations annoncent de nouvelles échéances juridiques. Au niveau
gouvernemental, le dossier des nuisances aériennes est bel et bien bloqué et
la fixation définitive des trajectoires est empêchée pour une durée
indéterminée. Sans rétablissement de la confiance entre partenaires
gouvernementaux, sans que soient retissés des liens plus positifs entre
l'aéroport et les riverains, l'instabilité continuera longtemps de marquer le
dossier des nuisances aériennes de l'aéroport de Zaventem.
Gauthier van Outryve d'Ydewalle