LEZERSBRIEF AAN TONY COENJAERTS IVM EDITORIAAL TRENDSTENDANCES dd 6.11

 

MAIL dd 12 NOVEMBER 2003

 

Cher Monsieur Coenjaerts,

 

Quand vous écriviez dans Trends Tendances du 6 novembre que le ministre Anciaux n’avait fait que fournir des simulations pour le cadastre de bruit, vous ne pouviez pas savoir qu’il communiquerait le 7 octobre (en effet, un mois avant votre article) par dépêche Belga sa volonté de remplacer ces simulations au plus vite par un cadastre de bruit sur base de mesures réelles. Nul ne peut douter que votre remarque ait été faite de bonne foi.

 

Il faut savoir que l’arrêt de la Cour d’Appel ne donne pas une limite pour l ’écart inévitable entre les contours de bruits simulés et la réalité. L’accord du gouvernement ne précise pas non plus le niveau d’exactitude requise pour le cadastre de bruit. Dans ces circonstances, comment ce cadastre peut-il être une condition sine qua non pour trouver une solution au problème de la répartition des vols?

 

Nul ne doute qu’une description de la situation actuelle, quartier par quartier n’aura aucune valeur ajoutée pour arriver à une dispersion équitable des nuisances aériennes, où chaque citoyen est traité de manière égale. Vous ne serez pas en désaccord quand je vous tiens le propos que le cadastre est avant tout une manœuvre de retardement, utilisée avec adresse par ceux qui réalisent mieux que quiconque qu’ils tirent beaucoup d’avantages mais peu d’inconvénients de ces nuisances. Et qui voudraient que cela ne change pas. La poursuite de la situation actuelle vaut bien une messe.

 

Il est étonnant qu’un magazine comme Trends-Tendances semble prendre partie et ne tient pas l’église au milieu du village dans ce dossier.

 

J’aimerais bien que vous me citiez quels critères objectifs vous pourriez bien amener qui pourraient prouver qu’une “évaluation précise des zones survolées” contribue à la dispersion raisonnable inscrite dans l’accord gouvernemental.

 

Ou est-ce que le rédacteur de l’éditorial ne serait simplement pas d’accord avec le principe que chaque individu habitant dans les alentours de l’aéroport doit être traité de la même façon? Sur base de quel critère l’auteur voudrait-il décider qui devrait porter les désavantages? Dans son éditorial on discerne déjà deux pistes possibles.

 

1. Densité de population.

 

Après Bruxelles Ville le Noordrand est la deuxième zone la plus densément peuplée autour de l’aéroport. Quelle région devra alors porter à son avis le jour et la nuit les conséquences excessives d’une concentration semblable à celle dont le Noordrand souffre aujourd’hui? Oui, comme il le dit si bien: la tranquillité, voire la santé et le patrimoine y étant sacrifiés?

 

Est-ce qu’il accepterait que l’actuelle concentration se déplace au-dessus de sa maison si la preuve était apportée qu’elle se trouve dans une zone moins densément peuplée?

 

A partir de quel densité de population le survol concentré d’une région pour en épargner une autre n’est plus “... se moquer du monde”, même quand il s’agit d’une minorité de gens?

 

2. Ou prenons le critère de la sécurité.

 

En soulevant cet aspect l’auteur sous-entend qu’il sait où l’on peut voler en sécurité et où ce ne serait pas le cas.

 

Ceci impliquerait que Trends Tendances disposerait d’une étude qui confirmerait que les virages actuels imposés aux pilotes au dessus du Noordrand , seraient plus sûrs que de voler tout droit dès le départ,  procédure conseillée par tous les pilotes et leurs associations? En ce moment le choix d’une piste de décollage dépend de la puissance des vents latéral et de dos qui y soufflent. Si un avion doit entamer un virage vers la droite dès qu'une hauteur de 700 pieds est atteinte, il se peut que l'avion doive continuer sur sa lancée avec un vent latéral ou arrière plus important que les nouvelles normes en vigueur depuis cet été l’autorisent -aussi 'généreuses' soient-elles!

Et ce serait moins dangereux que de voler simplement - vent debout- tout droit pour gagner au plus vite de l'altitude?

 

C’est pourquoi on ne peut adhérer à ce que l’auteur écrit quand il affirme que “... la sécurité doit faire partie intégrante du mode de pensée des planificateurs et des concepteurs.”

 

Toutes les sources aéronautiques confirment qu’un crash d’avion ne se produit presque jamais sur la route prévue. Et que dire d’un avion qui perdrait un moteur de gauche ou une aile de gauche au-dessus du Noordrand.

Selon les lois physiques il ne peut faire qu’un virage à gauche... où se trouve la Région Bruxelloise!

 

L’auteur prétend que les nouvelles routes ont été établies et mises en oeuvre de façon précipitée, sans études et réflexions de fond préalables. Le ministre de la Mobilité de l’époque, Mme Durant, avait commandé une étude sur la sécurité du survol de Bruxelles à la Société Française d’Etudes et Réalisations d’Equipements Aéronautiques (Sofréavia). Les conclusions de ce rapport: “Risque très faible et raisonnablement négligeable.”

 

Ne serait-il pas plus logique de répartir ce risque, déjà négligeable, au maximum, pour le réduire à un niveau non-existant? Chaque individu équitablement survolé, plutôt que de concentrer les nuisances jour et nuit sur les mêmes personnes?

 

En ce moment le Noordrand est survolé de manière concentrée 7 jours sur 7,  24 h sur 24, à l’exception des jours de fort vent d’est ou de nord (< 10% par an). Le plan Anciaux réduit cette souffrance aux 5 jours les plus chargés sur 7, de manière ininterrompue du lundi au vendredi, en y ajoutant les quatre nuits les plus lourdes. Ceci sans tenir compte des vols qui partent les autres jours d’une autre piste que la malheureuse 25R et qui se précipitent vers le même Noordrand. On ne peut s’empêcher de penser que le ministre Anciaux a voulu à tout prix éviter l’accusation de favoriser la commune qu’il habite.

 

Dans l’éditorial l’auteur prétend que les juges de la Cour d’Appel n’ excluent pas dans leur arrêt du 10 juin 2003 la possibilité de permettre une concentration des nuisances sur le plus petit nombre possible de personnes,  pourvu qu’il existe une “...justification raisonnable”. Malheureusement il s’agit là d’une interprétation incomplète dudit arrêt. Le juge dit également que les parties citées (en l’occurrence l’Etat Belge, BIAC et Belgocontrol)  n’ont pas pu apporter de preuves suffisantes qui justifiaient une ou plusieurs bases énumérées de façon limitative dans l’article 8.2 du traité européen des droits de l’homme.

 

En conclusion nous espérons de tout cœur que l’auteur ne fait pas partie de ceux pour qui les principes démocratiques s’évaporent quand ceux du NIMBY  (‘Not in My Back Yard’ ou ‘Pas Chez Moi’) veulent s’imposer et que -étant de bonne foi - il informera ses lecteurs de ce qui a été dit ci-dessus.

 

Salutations,

M.V.,

Grimbergen