DEMOTTE GELOOFT NOG IN UITGEBREID ISOLATIEPROGRAMMA EN ACHT BRUSSEL SYMBOLISCH OVERVLOGEN. GEZONDHEID EN BEVOLKINGSDICHTHEID LOS VAN ELKAAR
INTERVIEW MILLE DECIBELS 8.6.2004
Interview exclusive de Rudy Demotte
Le Ministre Fédéral des Affaires Sociales et de la Santé Rudy Demotte nous donne
son opinion sur le principe de dispersion des nuisances aériennes en ce qui
concerne l'aéroport de Zaventem. Dans l'inteview qu'il accorde à "Mille
Décibels", de manière claire, cette personnalité politique qui compte parmi les
plus importantes du PS se prononce en faveur d'un retour au principe de
concentration. Interpellé par le contenu du Rapport du Professeur Annemans sur
les effets des nuisances
aériennes sur la santé des riverains, il dénonce le caractère inadéquat d'une
politique qui impose le survol de zones fortement peuplées.
Que pensez-vous du rapport du professeur Annemans ?
Le principal mérite du rapport du professeur Annemans est d'abord d'exister car
il élargit le champ de la réflexion à propos des nuisances provoquées par les
vols de nuit. Toutefois, ce genre d'étude doit être affiné. Il s' agit d'un
élément intéressant dans le débat mais à nouveau on raisonne ici dans un champ
théorique sur base de modèle. Il conviendrait d'établir une vaste enquête de
terrain pour comparer les projections du professeur Annemans en terme de
conséquences en matière de santé et la réalité. Le chiffre de 10.000 personnes
touchées est suffisamment interpellant que pour que l'on prenne la peine de
davantage
étudier la question. Ce ne serait pas une première (cf Mellery).
Quelles sont les études d'impact sur la santé qui vous sembleraient nécessaires
à ce stade ?
L'étude du professeur Annemans s'intéresse à quelques grandes catégories de
risque (alcool, maladie cardiaque, diabètes, dépression, mortalité).
A cet égard, il serait utile d'étudier plus directement la question de la
dépression et des maladies cardiaques sur base par exemple de comparaison d'
échantillon de population.
Pensez-vous qu'il est possible de dire oui à un développement de DHL avant de
disposer d'études plus précises sur l'impact des nuisances aériennes à Bruxelles
et en périphérie ?
Le Gouvernement a nommé un médiateur fédéral dans ce dossier. C'est d'abord à ce
dernier d'indiquer dans son rapport l'ensemble des paramètres à prendre en
compte dans ce dossier. A cet égard, la dimension de la santé publique doit
apparaître au même titre que les mesures de maîtrises des nuisances sonores
nocturnes.
Que pensez-vous de la déclaration de Philippe Moureaux qui se prononce pour une
suppression à terme des vols de nuit à Zaventem ?
La proposition de Philippe Moureaux est dictée par une vision à long terme de la
problématique, dans une logique de développement durable. En effet, elle donne
aux décideurs économiques une vision sur ce que le politique entend mettre en
oeuvre. En outre, elle prend en compte une évolution de nos sociétés marquées
par une urbanisation toujours plus poussée. On peut ajouter deux considérations:
la nécessité de prendre une telle décision au niveau européen et ensuite sur la
nécessité de
moduler cette interdiction en fonction de critères tels que la densité de
population.
Quel est votre jugement moral sur le principe de faire survoler la nuit des
zones fortement habitées ?
Le principe du survol de zone densément peuplées ne doit pas s'analyser
simplement au regard des vols de nuit. Il y a d'abord un principe de précaution
qui doit prévaloir afin d'éviter le survol (dans les phases cruciales
d'atterrissage et de décollage) de toute zone densément peuplée.
Ensuite, il y a un principe de santé publique qui doit prévaloir afin de
minimiser les conséquences négatives d'une activité sur la santé de la
population. La question là ne doit pas se limiter à la question des zones
densément peuplées.
Pensez-vous que le principe de dispersion, s'il doit impliquer une répartition à
parts égales des nuisances entre des zones dont les densités de population sont
fortement disparates, soit un principe équitable ?
Le principe de la dispersion totale n'est pas pertinent dans une logique de
développement économique durable. En effet, dans ce cas, on fait subir à tout le
monde un certain niveau de nuisance que chacun individuellement juge
intolérable. En conclusion, personne n'est content. Si on souhaite maintenir une
activité aéroportuaire importante à Bruxelles-National, cela passe par une
concentration des nuisances sur les zones les moins densément peuplées moyennant
la mise en place d'un vaste programme d'isolation acoustique (expropriation /
isolation).
C'était la voie suivie sous la précédente législature. C'est la seule qui
pourrait permettre de sortir de cette problématique par le haut. Il convient
d'ailleurs de rappeler que les actions en justice des 48 habitants du Noordrand
ont depuis échoué.
C'est aux politiques de régler ce dossier et non à la justice.
Que pensez-vous des accusations d'égoïsmes qui sont portées par Pierre Klees à
l'encontre des habitants de l'est de Bruxelles ?
La véritable question est celle de l'intérêt général. Jusqu'où peut aller l'
intérêt général ? La décision intervenue en fin de précédente législature sous
la houlette de Laurette Onkelinx allait dans ce sens.
Le survol de Bruxelles était plutôt d'ordre symbolique mais avait permis
d'arriver à un accord sur une répartition des vols « honorable » pour les
différents partis présents dans la coalition et qu'il pouvait défendre devant la
population.
Aujourd'hui, on constate un refus généralisé du plan de dispersion pour des
bonnes et des moins bonnes raisons. Par ailleurs, il y a manifestement une plus
grande tolérance face au bruit dans les zones urbaines que dans d' autres zones.
Il faut remettre les propos de Pierre Klees dans ce contexte.
Pensez-vous qu'une démocratie moderne peut sacrifier un groupe de population au
nom du bien public ? Si oui, jusqu'à quel point ?
A nouveau, il faut éviter des termes provocants. Le mot « sacrifier » va trop
loin. Il convient comme déjà indiqué de dégager une formule assurant un
équilibre entre l'économique, le social et l'environnemental.
Propos recueillis auprès du Ministre Rudy Demotte sous forme d'interview
écrite le 8 juin 2004.