C'est une fois de plus prouvé, vivre à côté d'un aéroport peut être nocif pour la santé.
Ce sont deux études menées de manière totalement indépendantes en Angleterre et aux Etats-Unis qui montrent le risque accru d'accidents cardio-vasculaires, dont les AVC et les infarctus chez les personnes vivant dans des zones exposées au bruit des avions.
"Ces deux études apportent des éléments de preuve montrant que l'exposition au bruit des avions n'est pas qu'une cause de gène, de perturbation du sommeil et de la qualité de vie, mais peut en plus augmenter la morbidité et la mortalité liées à des maladies cardio-vasculaires", résume le Pr Stephen Stansfeld, de la Queen Mary University (Angleterre).

L'étude anglaise menée par des chercheurs de l'Imperial College de Londres s'est concentrée sur une population de 3,6 millions d'habitants autour de l'aéroport international de Heathrow, en banlieue de la capitale. Ils ont recensé le nombre d'hospitalisations et de décès liés aux infarctus, AVC et autres maladies cardio-vasculaires.
Résultats : les habitants des zones exposées à de hauts niveaux de bruit (plus de 63 décibels (plus qu'une conversation animée)) situées sous les trajectoires d'atterrissage et de décollage avaient des risques de maladies cardio-vasculaires de 14 à 24% plus élevés que ceux vivant dans les zones non exposés (moins de 51 dB). Le Dr Anna Hansell, auteur principale de l'étude précise que "l'effet est le plus net dans les zones où les bruits sont les plus forts, au plus près des aéroports".
Ces chiffres sont confortés par les résultats de l'étude de l'université d'Harvard menée autour de 89 aéroports américains, sur 6 millions de personnes de plus de 65 ans. En moyenne, le nombre d'hospitalisations liées à des problèmes carido-vasculaires augmente de 3,5% quand le niveau sonore d'une zone s'accroît de 10 dB.

Le stress accentué

Dans les deux études, les chercheurs ont bien vérifié que les hausses de risques cardio-vasculaires n'étaient pas liées à d'autres facteurs. De précédentes recherches avaient trouvé un lien entre une hausse de la tension artérielle et l'exposition aux bruits des aéroports, mais c'est la première fois que des études font un lien direct avec le nombre d'hospitalisaions et de décès. Des résultats qui ne surprennent pas le Pr Jean-Luc Puel, directeur Inserm à lInstitut des neurosciences de Montpellier, comme il l'explique au Figaro."On sait que des bruits gênants, même d'intensité modérée [...], peuvent avoir des répercussions énormes sur le stress, ce qui peut ensuite se traduire par de l'hypertension artérielle". En plus de celle-ci, qui est un facteur de risque cardio-vasculaire direct, le bruit des avions - intermittent et peu agréable - entraîne également des troubles du sommeil, qui participent aussi à une dégradation des conditions de vie et à l'accroissement du stress.

Source : Residential exposure to aircraft noise and hospital admissions for cardiovascular diseases: multi-airport retrospective study, British Medical Journal, 8 octobre 2013