Vous avez entendu parler de“Open Skies”. L’accord devrait être signé entre l’UE et les US, aujourd’hui. Les signataires et partisans de la signature, — bureaucrates, économistes, commentateurs, tous “dans la ligne”, — saluent avec une jubilation extrême cet accord qui révolutionne le transport aérien. En gros, il ouvre les routes du ciel à toutes les compagnies, dans des espaces aériens à grand trafic et jusqu’alors protégés. L’UE, exultante, nous explique la chose, par l’intermédiaire de The Independent qui publie un article sur l’événement aujourd’hui :
«According to the European Commission, the plan will create 72,000 jobs on both sides of the Atlantic. Over a period of five years 26 million additional passengers would fly across the Atlantic. By the fifth year the market would have grown by a third creating 9.6 million more travellers.»
Les défenseurs de l’environnement et guerriers de la crise climatique répondent aussitôt : l’accord va aggraver considérablement la pollution, par conséquent le réchauffement climatique et ainsi de suite. Là aussi, l’argument est considérable et péremptoire.
«The European Federation for Transport and the Environment pressure group said that, based on the Commission calculations, “This will lead to some 3.5 million tonnes of extra CO2 emissions annually. This is about as much as the expected reduction of aviation emissions resulting from the inclusion of aviation into the European emissions trading system”. It also argued that the deal makes it difficult to change the current system under which kerosene is exempt from taxation.
»Caroline Lucas, a Green MEP, argued: “This ‘Open Skies’ agreement risks undermining all the EU's effort on tackling climate change, and must be rejected — at least until both the EU and US have adopted a tough package of measures to reduce the sector's emissions year-on-year, such as establishing an aviation-only emissions trading scheme with fixed, annually reducing emissions caps.
»“It is simply incompatible to be encouraging a large increase in the number of flights between the EU and US and cutting greenhouse gas emissions sufficiently to either prevent the worst impacts of climate change, or even meet the emissions reductions targets agreed at the Brussels summit this month.”»
Et ainsi vont les arguments des uns et des autres, avec la Commission européenne comme bon exemple : championne du système, de la libéralisation économique, de la croissance maximale, de l’accélération accélérée de l’activité économique, etc. — championne de la lutte contre la crise climatique, des restrictions d’émission de gaz, de la pollution, etc. Comment concilier cet “etc” et cet “etc” ? Pas de réponse. Comment ne pas penser à l’obsession américaniste pour la défense du système ? Comment ne pas peser à l’argumentation d’Anatol Lieven, au constat qu’il y a quelque chose d’inéluctable dans cette confrontation d’au cœur de notre civilisation ?
Mis en ligne le 22 mars 2007 à 04H46